Sortie organisée par les Amis des Musées de Saint-Omer
Photos de la sortie :
1 : Présentation géographique
- La ville haute occupe le sommet d’une butte-témoin (= un relief isolé, détaché par l’érosion). Ce site défensif exceptionnel surplombe la campagne environnante d’une centaine de mètres.
- La ville haute de Laon a conservé ses 8 km de remparts, ce qui lui a valu son surnom de « Montagne couronnée ».
- La partie supérieure de la butte est constituée de calcaire : cela signifie qu’une mer se trouvait jadis à cet emplacement, à l’ère tertiaire, c’est-à-dire entre 66 et 2,6 millions d’années avant notre ère.
Pour preuve, on retrouve aujourd’hui des coquillages fossilisés dans le calcaire.
- Les souterrains
Depuis l’époque gallo-romaine, on a creusé des galeries dans le calcaire.
Ensuite, on y a exploité des carrières, sur trois niveaux superposés.
Enfin, on y a installé des casemates de tir au XIXème siècle.
Depuis une époque récente, une petite partie de ce monde souterrain est ouverte au public.
2 : Un peu d’Histoire
Le nom de la ville signifie « forteresse de Lug ». Lug est le dieu majeur du panthéon gaulois, dieu créateur, garant de l’ordre et du droit, protecteur des arts et de la « communication ».
Laon devint un évêché au début du VIème siècle et fut le lieu de résidence favori des derniers rois carolingiens au Xème siècle. Au XIIème siècle, la ville connaît la prospérité économique et une école théologique s’y développe avec Anselme de Laon. Aux XIIème-XIIIème siècles, les habitants, constitués en commune, obtiennent provisoirement leur autonomie vis-à-vis de l’évêque. La ville compte alors 12 000 habitants, ce qui en fait une des plus grandes villes de France. C’est à cette époque qu’est construite l’actuelle cathédrale.
A la fin du XIIIème siècle, le roi établit son autorité sur la ville. A la fin du XVIème siècle, Laon s’oppose à Henri IV lors des Guerres de religion. Laon est alors sanctionnée par le roi : la ville est supplantée par Soissons. En 1790, avec la création des départements, Laon retrouve enfin sa prépondérance sur Soissons.
Laon est aujourd’hui la préfecture de l’Aisne, dans la nouvelle région des Hauts-de-France. Elle compte actuellement plus de 25 000 habitants.
Laon possède le plus grand secteur sauvegardé de France, sur 370 hectares, avec 84 monuments historiques.
3 : La cathédrale Notre-Dame de Laon
- La cathédrale est située au sommet de la butte-témoin : c’est le 3ème édifice réalisé à cet emplacement.
- Il s’agit de l’une des premières cathédrales gothiques, édifiée pour l’essentiel entre 1155 et 1235.
- Cependant, la présence des reliques de Saint-Béat a imposé des agrandissements successifs : ainsi, le chœur est passé de 3 à 10 travées. Il est désormais presqu’aussi long que les 11 travées de la nef. Un chevet plat termine le chœur.
- Saint-Béat est un ermite du IIIème siècle qui christianisa la région de Laon et aurait tué un gros serpent d’un coup de son bâton.
- La cathédrale est de style gothique primitif : la nef comprend 4 niveaux : grandes arcades, tribunes, triforium et fenêtres hautes.
- La cathédrale est surmontée par 5 tours (sur les 7 initialement prévues). Au XIIIème siècle, Villard de Honnecourt a dit que les tours étaient les « plus belles du monde ». Le style de la tour-lanterne est d’influence anglo-normande. L’originalité des tours de la cathédrale de Laon provient de leur alternance de pleins et de vides. Jadis, une flèche surmontait la tour sud-ouest, mais la flèche fut détruite pendant la Révolution.
- La cathédrale est ornée par des animaux sculptés grandeur nature. Des bœufs sont sculptés sur les étages des tours de la façade occidentale. Ils rappellent le bœuf miraculeux qui aurait remplacé un bœuf épuisé dans un attelage de quatre bœufs portant les pierres du chantier de construction jusqu’en haut de la colline. La restauration du XIXème siècle a ajouté des animaux exotiques.
- La hauteur sous voûte est de 24 mètres (23 à Saint-Omer). La nef est couverte de voûtes sexpartites avec alternance de piles fortes, soutenant les arcs d’ogive et de piles faibles, soutenant les arcs doubleaux.
- Le transept est imposant.
- 28 chapelles latérales ont été ajoutées, construites parfois jusqu’au XVIIIème siècle.
- La lumière des vitraux et des larges roses est renforcée par la couleur blanche du calcaire de la pierre.
- Une des premières roses, datée de 1180, située dans letransept nord, est constituée d’un cercle de 8 vitraux représentant les 7 arts libéraux ainsi que la médecine, alors enseignés à l’école épiscopale de Laon, jadis très renommée. Au centre de ce cercle, un 9ème vitrail représente la Théologie, ou Philosophie, alors summum de cet enseignement. Tout autour, les 12 apôtres puis les 24 vieillards de l’Apocalypse représentant le peuple de Dieu.
- Signalons que de nombreux vitraux de la cathédrale furent détruits à cause de l’explosion de l’ancienne poudrière de Laon pendant la guerre de 1870.
- A son tour, la cathédrale de Laon a influencé la construction des cathédrales de Chartres, de Reims et de Paris.
4 : autres monuments, témoins de l’influence de l’Eglise au Moyen Âge
- Le cloître, tout en longueur, est accolé au côté méridional de la cathédrale. Il est orné de corbels = corbeaux (= chapiteaux ne reposant pas sur une colonne).
Les chanoines sont des membres du clergé assurant le service religieux de la cathédrale. Ils formaient un chapitre de 83 chanoines, très influent face à l’évêque de Laon au Moyen Âge.
- L’Hôtel-Dieu : importance des soins accordés par l’Eglise médiévale aux malades. Trois édifices, plus grands les uns que les autres, ont successivement joué ce rôle. Deux d’entre eux, construits par les chanoines, se situent sur le parvis de la cathédrale. Le premier date de la seconde moitié du XIIème siècle et accueille aujourd’hui l’Office du tourisme.
- La chapelle des Templiers est située dans l’enceinte du Musée d’Art et d’Archéologie de Laon. Elle date du XIIème siècle.
Il s’agit d’une commanderie (= centre d’un domaine foncier dont les revenus financent l’Ordre du Temple à Jérusalem).
L’une des dalles funéraires est celle d’un chapelain du Temple tandis que les trois autres sont celles de commandeurs de l’Hôpital.
Au centre de la chapelle, la nef octogonale est une réplique de l’église du Saint-Sépulcre (= église bâtie au-dessus du tombeau de Jésus à Jérusalem).
La chapelle est surmontée d’un clocher-peigne (= mur unique, percé de baies abritant des cloches).
Texte et photos : Pierre Dalbert