Sortie organisée par les Amis des Musées de Saint-Omer

Photos de la sortie :

1 : Présentation

MONTMARTRE possède le point culminant de Paris, à plus de 130 m d’altitude. On y accède notamment par un funiculaire, mis en service en 1900, rénové en 1935 puis transformé en 1991. On peut également monter les 222 marches de l’escalier de la rue Foyatier. Nous avons choisi une troisième voie : le Petit Train sur roues qui relie la place Blanche au Sacré-Cœur.

Le sous-sol de Montmartre est constitué de gypse qui a été intensément exploité au cours des siècles derniers. La multiplicité des carrières a rendu le sol fragile ce qui a longtemps différé l’urbanisation de la colline de Montmartre.

Située au nord de Paris, Montmartre fut une commune indépendante avant 1860. A cette date, Paris en annexa la plus grande partie et l’intégra au XVIII^ème arrondissement. La plus petite partie de Montmartre, située plus au nord, fut alors intégrée à la commune de Saint-Ouen.

C’est à Montmartre que se déclencha l’insurrection de la Commune de Paris (mars-mai 1871).

2 : Montmartre, un haut-lieu religieux

Au sommet de la Butte Montmartre, l’église Saint-Pierre existe depuis l’époque mérovingienne. Cette église fut plusieurs fois reconstruite et la version actuelle, néo-romane et néo-gothique, date de 1905. Elle est située à proximité immédiate du Sacré-Cœur.

LA BASILIQUE DU SACRE-CŒUR DE MONTMARTRE

Une basilique est une église de pèlerinage importante. C’est le pape qui peut attribuer à une église le titre honorifique de basilique. Ce titre se situe hiérarchiquement juste en-dessous de celui de cathédrale (cathédrale = église dans laquelle se trouve la cathèdre qui est le siège de l’évêque).

Le Sacré-Cœur est la dévotion au cœur de Jésus. Cette dévotion fut généralisée par le pape Pie IX en 1856. En effet, selon la religion chrétienne, le Sacré-Cœur symbolise l’amour de Dieu qui se fit homme et donna sa vie pour sauver l’humanité.

La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre fut construite à la suite du Vœu (= promesse faite à Dieu) d’Alexandre Legentil,en janvier 1871 : dans le contexte de la défaite lors de la guerre de 1870-1871, puis de celui de l’Ordre moral, ce vœu personnel devint national.Votée par l’assemblée en 1873, la construction commença en 1875 et fut successivement  dirigée par 7 architectes, le premier étant Paul Abadie.

• Le sous-sol de Montmartre étant fragilisé par des carrières, on commença par implanter, à l’emplacement de la future construction, 83 pieux de béton, hauts de 33 mètres, reliés entre eux par des arcs.
• Au-dessus, la basilique fut construite avec le même calcaire que celui de l’Arc de Triomphe de l’Etoile, dont la particularité est de rester blanc. La coupole centrale dépasse les 83 mètres, le campanile (= tour indépendante abritant la ou les cloches) atteint 90 mètres de hauteur et abrite la plus grosse cloche de France, laquelle pèse plus de 18,8 tonnes.
• Le financement du Sacré-Cœur fut exclusivement privé et fut assuré par dix millions de petits donateurs.
• En 1923, au bout de presque un demi-siècle, les travaux furent officiellement achevés. Les annexes ne furent réalisées qu’au cours des années 1930.

Le sculpteur Hippolyte Jules Lefèvre réalisa en 1891 la statue équestre de Saint-Louis, en bronze, brandissant son épée et tenant la Couronne d’épines et, en 1925, ce même Lefèvre édifia la statue équestre de Jeanne d’Arc.

Le sculpteur Pierre Seguin termina en 1927 la statue en pierre du Christ au Sacré-Cœur sur la poitrine : Christ bénissant de 5 mètres de hauteur, situé sur le fronton triangulaire dominant la façade.

Conformément au Vœu de 1871, c’est depuis 1885, alors que les travaux étaient loin d’être terminés, que la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est vouée à la prière perpétuelle 24h/24 et 7j/7.

Le Sacré-Cœur reçoit aujourd’hui 11 millions de pèlerins et de visiteurs par an. C’est le second monument religieux le plus visité de Paris, après la cathédrale Notre-Dame.

3 : Montmartre, le quartier des artistes

A la fin du XIX^ème siècle, de par son caractère champêtre et viticole, mais située à proximité du Paris urbanisé, Montmartre accueille de nombreux artistes peintres, qui y mènent une vie de bohème.

Le Bateau-Lavoir est, depuis 1904, un ensemble de 25 ateliers d’artistes. Gauguin, Picasso, le Douanier Rousseau sont les plus célèbres. La disposition de ces ateliers, de part et d’autre d’un couloir, fait penser à un bateau. Le terme lavoir est ironique, car il n’y avait qu’un seul point d’eau.

Aujourd’hui, seule la façade est d’époque. L’intérieur a du être reconstruit après un incendie en 1970.

La place du Tertre (tertre = butte de terre) est située au sommet de la Butte Montmartre, donc à proximité immédiate du Sacré-Cœur. C’est l’ancienne place principale du village de Montmartre. La place du Tertre est un haut lieu de convivialité. Elle est occupée aujourd’hui par des artistes-peintres, lesquels proposent aux nombreux touristes de réaliser leur portrait.

Francisque POULBOT (1879-1946) a réalisé de nombreuses illustrations immortalisant les gamins des rues de Montmartre. Poulbot, qui habitait ce quartier, a également ouvert en 1923 un dispensaire pour leur venir en aide. C’est pourquoi on parle de Poulbots pour désigner désormais les enfants pauvres de Montmartre.

4 : Montmartre est connue pour ses nombreux cabarets

• Le cabaret artistique Au Lapin Agile était jadis fréquenté par les peintres bohème du XIX^ème siècle. On y chante tout le répertoire traditionnel de la France d’Ancien Régime ainsi que celui des célébrités des Trente Glorieuses : Brassens, Barbara… L’assistance, tassée dans la petite salle du cabaret, est conviée à participer aux chants.

• Le Clos-Montmartre est une vigne située rue des Saules, sur le flanc nord de la Butte Montmartre, entre le Musée de Montmartre et le cabaret Au Lapin Agile. Des vignes existèrent sur la Butte depuis la fin du X^ème siècle. Le vin y était de qualité médiocre, et assez diurétique.

A l’emplacement de la parcelle actuelle se trouvait la maison du chansonnier Aristide BRUANT. Au début des années 1930, la parcelle, devenue un terrain vague, devait être construite mais les habitants du quartier s’y opposèrent et on y planta une vigne en 1933, afin de sauvegarder le terrain : 30 cépages différents, issus de divers vignobles français, se partagent les 2 000 m². La vente du vin, aujourd’hui de qualité, sert à financer les œuvres sociales du quartier.

• La Bonne Franquette est une auberge typique, qui a été fréquentée par les peintres célèbres du XIX^ème siècle et par Emile Zola. Elle est située à proximité de la vigne du clos Montmartre.

• Situé au pied de la Butte Montmartre, Le Moulin-Rouge, que nous avons vu de l’extérieur, est le célèbre cabaret parisien, ouvert en 1889, qui lança la danse du French Cancan.

• Le Chat Noir est le plus célèbre cabaret littéraire, artistique et musical d’avant-garde de Montmartre. Il fut fondé par Rodolphe SALIS en 1881. Le nom de ce cabaret évoque un pauvre chat noir que Salis trouva lors de son installation. D’abord situé boulevard Rochechouart, il fut transféré sur l’actuelle rue Victor Massé en 1885 puis se fixa boulevard de Clichy.

Chansons accompagnées du piano, histoires contées, théâtre d’ombres, furent ses principales activités. C’est au Chat Noir que fut créée en 1891 Ailleurs !, pièce d’ombres rédigée par Maurice Donnay, dont les décors furent réalisés par Henri Rivière. Le cabaret édita également, de 1882 à 1897, la revue hebdomadaire Le Chat Noir, afin de permettre aux différents artistes d’échanger et de se confronter. C’est enfin au Chat Noir qu’Aristide BRUANT composa la célèbre chanson qui vantait la bohême des artistes, et que le public reprenait en chœur tous les soirs :

http://www.chatsnoirs.com/pages/au-chat-noir/le-cabaret-du-chat-noir.html

« Je cherche fortune

Autour du Chat Noir,

Au clair de la lune,

A Montmartre, le soir. … »

Cette fréquentation de qualité attira le Tout-Paris, qui ne se vexait pas des réparties spirituelles lancées par les artistes aux dépens des spectateurs.

Le Chat Noir cessa ses activités en 1897, un anaprès la mort de Rodolphe SALIS. Mais son souvenir persiste :

le bal qui ouvre le Carnaval de Dunkerque porte le nom de Bal du Chat Noir, en hommage au célèbre cabaret parisien.

Texte et photos : Pierre Dalbert