QUATRE EGLISES DE L’AUDOMAROIS

Sortie organisée par les Amis des Musées de Saint-Omer

Photos de la sortie :

  • Sainte-Colombe Blendecques 1858-1870 par Charles Leroy
  • Tympan néo-roman. Le clocher pointu et la rose sont néo-gothiques.
  • Baies néo-romanes plus grandes et plus nombreuses que dans les églises romanes
  • Blendecques : la nef, à la fois néo-romane et néo-gothique
  • Pietà inspirée de celle de Michel-Ange au Vatican
  • vitrail du maître-verrier lillois Charles Gaudelet (XIXème siècle)
  • Notre-Dame-de-Bon-Secours Hallines 1868-1872 par Clovis Normand
  • Néo-gothique
  • église en cours de restauration suite à des menaces d’affaissement
  • Hallines : voûte néo-gothique à deux niveaux, contre 3 à 4 niveaux dans les églises gothiques classiques
  • Vierge à l’Enfant statue médiévale retrouvée lors de le construction de la nouvelle église au XIXème siècle statue à l’origine de l’expression Bon Secours (= s’occuper des malades)
  • Saint-Léger Éperlecques
  • Tour-porche : XV-XVIème siècles Nef néo-gothique : XIXème siècle
  • Éperlecques : chœur XVIIIème, nef XIXème siècle (2 niveaux seulement)
  • église Saint-Léger : le chœur néo-gothique et ses deux autels
  • deux manières de représenter Saint-Léger au XVIIIème siècle
  • deux manières de représenter Saint-Léger aujourd'hui
  • Saint-Martin achevée en 1875 par Charles Leroy 5 ans après l’église de Blendecques Saint-Martin-lez-Tatinghem
  • statue de Saint-Louis et du Sacré-Cœur de Jésus La dévotion au Sacré-Cœur est ici valorisée par Charles Leroy qui est également l’architecte de Sainte-Colombe de Blendecques
  • Nef néo-gothique de Saint-Martin (à un seul niveau)
  • Saint-Joseph à l’Enfant thème iconographique assez rare
  • chaire : Saint-Martin devenu évêque de Tours

1 : BLENDECQUES – 2 : HALLINES – 3 : EPERLECQUES – 4 : SAINT-MARTIN-LEZ-TATINGHEM

Sortie organisée par les Amis des Musées de Saint-Omer

  1. L’église Sainte-Colombe de Blendecques

Représentée au XVIIIème siècle sur un plan-relief, Blendecques est traversée par les deux bras de l’Aa, la Haute et la Basse MELDYCK.

Sur ce plan-relief, à gauche, se trouve représentée la résidence d’été des Jésuites anglais de Saint-Omer. Ne subsiste que l’une des ailes de leur bâtiment principal, qui constitue aujourd’hui ce que l’on appelle « l’hôpital Coste », désormais intégré au Lycée Alexandre Ribot de Saint-Omer.

A droite, sur le plan-relief, se trouvait une abbaye cistercienne. Son souvenir explique que Bernard de Clairvaux, fondateur de l’ordre cistercien, soit représenté par une statue placée dans l’église Sainte-Colombe.

Saccagée sous la Révolution, l’église Sainte-Colombe est reconstruite de 1858 à 1870 par l’architecte Charles LEROY. Précisons qu’une soixantaine d’églises, parmi lesquelles Notre-Dame-de-la-Treille à Lille, sont l’œuvre de cet architecte.

Les riches papetiers de l’Aa ont financé la reconstruction puis la restauration en 2001 de l’église Sainte-Colombe de Blendecques.

Au XIXème siècle, sous l’influence de Viollet-le-Duc, le Moyen Âge est remis à l’honneur. Dans ce contexte, Charles LEROY pratique l’éclectisme(= le mélange des styles). Ainsi, la nouvelle église de Blendecques est essentiellement néo-romane mais intègre également des éléments néo-gothiques :

Son clocher pointu et la « rose » de la tour-porche, ainsi que les croisées d’ogives (quoiqu’arrondies) de la nef sont néo-gothiques.

Plusieurs éléments montrent qu’il s’agit d’art néo-roman et non d’art roman :

  • Les baies de la nef sont beaucoup plus nombreuses et bien plus grandes que celles des véritables églises romanes, ce qui confère à l’édifice une clarté intérieure que l’on ne trouve pas dans les églises romanes authentiques.
  • A l’intérieur se trouve une Pietà (= la Vierge Marie se désolant, ayant sur ses genoux le corps de Jésus descendu de la Croix). Or, à l’époque de l’art roman, on ne représentait pas de Pietà. Celles-ci sont postérieures d’au moins trois siècles.
  • Autre point, un vitrail, issu des ateliers de Charles GAUDELET, célèbre maître verrier lillois du XIXème siècle, montre les prémisses de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus dès le XVIIème siècle. Or c’est bien plus tard, dans la seconde moitié du XIXème siècle, à l’époque de Charles LEROY, que se développe véritablement la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus.

Le style néo-roman du XIXème siècle n’est donc pas la copie pure et simple de l’art roman des XI et XIIème siècles.

2. L’église Notre-Dame-de-Bon-Secours d’Hallines

L’église médiévale d’Hallines, dédiée à Saint-Martin, menaçait ruine. Grâce au financement des Dambricourt, riche famille de papetiers, elle a été remplacée au XIXème siècle.

Lors du creusement des fondations de la nouvelle église, on a trouvé une statue médiévale de la Vierge à l’Enfant. C’est ainsi que l’on a donné le nom de Notre-Dame-de-Bon-Secours (= s’occuper des malades) à la nouvelle église qui fut construite de 1868 à 1872.

L’architecte Clovis NORMAND, disciple de Viollet-le-Duc, grand constructeur et restaurateur d’églises, a choisi le style néo-gothique.

Cependant, l’architecte prend des libertés par rapport au gothique médiéval : au lieu d’avoir trois ou quatre niveaux, la nef n’en conserve que deux, à savoir les grandes arcades au sol et les tribunes au-dessus. Ce sont les fenêtres hautes, théoriquement au niveau 3, que l’architecte néo-gothique a supprimées.

Actuellement, des problèmes d’affaissement menacent l’édifice et des travaux de restauration du gros-œuvre sont en cours depuis 2015.

3. L’église Saint-Léger d’Eperlecques

Saint-Léger, évêque d’Autun au VIIème siècle, a été martyrisé en 678 pour des raisons politiques mais l’Eglise le vénère pour son refus de la violence et en tant que défenseur des droits de l’Eglise face au pouvoir politique. Saint-Léger était un saint très populaire au Moyen Âge, et l’église d’Eperlecques lui est dédiée.

L’actuelle église d’Eperlecques associe plusieurs époques allant du XVème siècle (la base de la tour-porche) au XIXème siècle (la nef néo-gothique).

4. L’église Saint-Martin de Saint-Martin-lez-Tatinghem

L’architecte en est Charles LEROY, comme pour Sainte-Colombe de Blendecques. L’église Saint-Martin fut achevée en 1875, soit cinq ans après celle de Blendecques.

Comme pour la nef d’Eperlecques, Saint-Martin est construite en briques rouges, plus solides que les briques jaunes.

Le plan de l’église Saint-Martin intègre deux chapelles perpendiculaires à la nef, qui font office de transept. Chacune d’entre elles est ornée d’une statue extérieure. Pour l’une, il s’agit de la Vierge à l’Enfant, pour l’autre de Saint-Louis et le Sacré-Cœur. Rappelons que le Sacré-Cœur est également honoré à Blendecques, église qui est l’œuvre du même architecte.

A l’intérieur :

  • un fragment du tombeau de Guillaume Fillastre, abbé deSaint-Bertinà Saint-Omer (1450-1473). Ce fragment représente l’Annonciation. Il est l’œuvre de Della Robbia.
  • une statue de Saint-Joseph à l’Enfant, ce qui est un thème iconographique assez rare qui mérite d’être signalé. L’Enfant Jésus y tient le globe terrestre dans sa main, afin de signifier la vocation universelle du Christianisme.
  • une chaire, dédiée à Saint-Martin de Tours, protecteur de cette église. Saint-Martin est célèbre pour avoir, au IVème siècle, partagé son manteau avec un pauvre, transi de froid.
  • Au pied de la chaire, un chien, puis un précepte du prophète Isaïe, que l’on peut replacer dans son contexte en cliquant sur le lien ci-dessous :

            « …Ne soyez pas comme des chiens muets, ne sachant pas aboyer à temps ; mais ne corrigez les délinquants que pour les forcer à s’amender. Pressez les frères fervents, afin qu’ils se perfectionnent. Ayez envers les religieux coupables les paroles sévères d’un père ; envers les religieux fidèles les suaves consolations d’une mère ; enfin, pensez qu’au dernier des jours, vous rendrez compte à Dieu de leurs âmes et de la vôtre… »

Texte et photos : Pierre Dalbert