Voyage de 5 jours organisé par les Amis des Musées de Saint-Omer
Photos du voyage :
1 : LE VIEUX TOURS – 2 : CHAMBORD – 3 : CHEVERNY– 4 : CHAUMONT – 5 : AMBOISE–
6 : CHENONCEAU – 7 : CHANTELOUP – 8 : FONTEVRAUD – 9 : SAUMUR – 10 : AZAY-LE-RIDEAU
+ TABLEAU RECAPITULATIF
1 : LE VIEUX TOURS
La ville de Tours se situe sur deux cours d’eau orientés est-ouest : la Loire, au nord, et son affluent le Cher, au sud.
Tours a été fondée par l’empereur romain Auguste sous le nom de Caesarodunum. C’est alors une importante capitale provinciale.
Saint-Gatien fut le premier évêque de Tours. Il a évangélisé la Touraine entre 250 et 300. Aujourd’hui, la cathédrale porte son nom.
Saint-Martin fut également évêque de Tours. Il vécut environ un siècle après Saint-Gatien. Saint-Martin est célèbre pour avoir partagé son manteau avec un pauvre, transi de froid. C’est Saint-Martin qui introduisit le monachisme en Touraine. La basilique de Tours porte son nom. La présence du tombeau de Saint-Martin de Tours assura la renommée de la ville, devenue un grand centre de pèlerinage sous les Mérovingiens puis sous les Carolingiens. Au Moyen Âge, la basilique, située dans la ville toute proche de Châteauneuf, concurrençait la cathédrale, située dans la Cité de Tours, et alors dédiée à Saint-Maurice. Aussi, c’est pour reprendre l’avantage sur la basilique que la cathédrale fut alors dédiée à Saint-Gatien, beaucoup plus prestigieux.
Les Capétiens firent de la livre tournois (= de Tours) la monnaie du royaume. Tours devint la capitale du royaume au XIVème siècle, à l’époque des Valois.
Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, puis la rénovation-destruction de l’après-guerre, détruisirent une partie du patrimoine historique de la ville. Ceux des quartiers anciens qui ont été préservés constituent ce que l’on appelle aujourd’hui Le Vieux-Tours. Ces quartiers, situés juste au sud de la Loire, ont été restaurés au cours des années 1960 et le Vieux-Tours est aujourd’hui reconnu comme Ville d’art et d’histoire et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis l’an 2000.
Aujourd’hui, la ville de Tours compte plus de 136 000 habitants, tandis que l’aire urbaine de Tours atteint les 491 000 habitants.
2 : LE CHÂTEAU DE CHAMBORD
CHAMBORD se situe dans le comté de Blois, à 14 km à l’est de la ville de Blois. Chambord se trouve sur le Cosson, un sous-affluent de la rive gauche de la Loire. Le château se situe au centre du plus grand parc forestier de France. Ce parc, riche en gibier (cerfs et sangliers), est clos par un mur interminable de 32 km de long. Les rois de France sont passionnés par la chasse. C’est en tant que rendez-vous de chasse que le site de Chambord fut choisi par les rois.
François Ier a participé aux Guerres d’Italie (Marignan, 1515), ce qui l’a mis en contact avec l’Humanisme et la Renaissance. A son retour d’Italie, François Ier installe Léonard de Vinci, qui apporte la Joconde, à proximité d’Amboise. Le Val-de-Loire est alors la région-capitale de la France.
En 1519 François Ier, qui résidait à Blois, décide de remplacer le vieux château médiéval de Chambord par un chef-d’œuvre, mélangeant la tradition médiévale et les nouveautés de la Renaissance. Avec un donjon flanqué de quatre tours, et une enceinte basse fermant la cour, le nouveau Chambord conserve un plan médiéval. C’est la réalisation qui est Renaissance : François Ier s’inspire du Traité d’architecture de l’humaniste Alberti. Ce traité reprend les théories de l’architecte romain Vitruve (Ier siècle avant J-C). Ces idées sont la géométrie, les rapports mathématiques et la régularité. C’est sur ces idées que se fonde l’architecture de la Renaissance.
L’architecture du château de Chambord est globalement symétrique (influence de la Renaissance). Les quatre tours entourant le donjon sont orientées vers les quatre points cardinaux (intérêt de la Renaissance pour l’astronomie). La présence de pilastres verticaux nuance la domination générale des lignes horizontales. L’escalier à double vis, probablement conçu par Léonard de Vinci, est la principale originalité architecturale du château. Il rappelle les troncs enlacés de l’arbre de vie médiéval. Deux personnes empruntant chacune une volée de cet escalier peuvent s’apercevoir, mais non se rencontrer. L’escalier à double vis est achevé en 1545, deux ans avant la mort de François Ier. La présence de nombreuses fenêtres à meneaux (= croix de pierre) est typique de la Renaissance. Le logis du roi se situa finalement à l’écart, dans l’aile est, accessible par une galerie et par un escalier à vis. La structure régulière du château contraste avec le foisonnement des tourelles et des clochetons.
La décoration comporte le monogramme F couronné (= l’initiale de François Ier est intégrée dans un dessin). La cordelette nouée en 8 symbolise l’amour de Louise de Savoie, mère du roi. La salamandre et les flammes en fleur de lys reprennent la devise du roi : « Je me nourris du bon feu et j’éteins le mauvais feu ». Au niveau des toits, sur les tourelles, les motifs géométriques sont une influence italienne.
En 32 ans de règne, François Ier n’a passé que 72 nuits à Chambord ! Les travaux se poursuivent sous Henri II, fils de François Ier. Le château est ensuite délaissé. Cependant, Louis XIV complète les constructions et aménage les extérieurs. Louis XV donne Chambord au maréchal de Saxe, pour le remercier de l’efficacité militaire dont il a fait preuve au service de l’armée française. Le maréchal de Saxe y réside de 1748 à sa mort en 1750. Plus tard, à la Révolution, le château de Chambord est saccagé.
En 1821, le domaine de Chambord est acquis par une souscription nationale pour être offert à Henri, lequel est à la fois le petit-neveu de Louis XVIII et le petit-fils de Charles X. En 1830, Charles X doit abdiquer et s’exiler avec sa famille dont Henri, duc de Bordeaux. Dans l’exil, Henri porte également le titre de courtoisie de comte de Chambord. Depuis l’étranger, Henri finance largement la restauration du château de Chambord.
En 1930, l’Etat rachète le domaine de Chambord à l’héritier d’Henri. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Chambord abrita de nombreuses œuvres repliées du Louvre. Le château fut restauré par étapes dans les décennies qui suivirent. En 1981, il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Situé à seulement 164 km de Paris, les chasses de Chambord sont réservées à la Présidence de la République.
L’intérieur du château, remeublé, abrite de nombreux portraits de rois de France.
Parmi eux, François Ier est mis à l’honneur en tant que constructeur du château.
Citons également celui que l’on appelle « le comte de Chambord« : c’est « l’enfant du miracle » car il est né 7 mois après l’assassinat de son père. Ensuite, en 1830, lors de l’abdication de Charles X, alors qu’il n’a pas encore 10 ans, « le comte de Chambord » est évincé par Louis-Philippe, issu de la branche cadette d’Orléans.
Prenant la tête des monarchistes légitimistes, il faillit devenir roi en 1873 : le carrosse, spécialement réalisé pour cette occasion, demeure aujourd’hui encore inutilisé à Chambord. Voulant abandonner le drapeau tricolore et revenir au drapeau blanc, ce que les Français ne pouvaient pas accepter, le « comte de Chambord » a involontairement consolidé la IIIème République.
C’est pour attendre son décès (!) et son remplacement par un prétendant acceptant le drapeau tricolore que fut mis en place le septennat du Président de la République, aujourd’hui remplacé par le quinquennat à la suite du référendum de l’an 2000.
3 : LE CHÂTEAU DE CHEVERNY
Le château de CHEVERNY est situé non loin du château de Chambord et non loin de la ville de Blois.
L’actuel château de Cheverny remplace un château médiéval. Sa construction est homogène, réalisée en style classique au XVIIème siècle, de 1624 à 1634.
Le château de Cheverny est constitué par l’alignement de cinq corps de bâtiment. Si l’on ne prend en compte que les trois corps de bâtiment centraux, nous retrouvons la silhouette bien connue du château de Moulinsart, cher au capitaine Haddock et à Tintin depuis Le Secret de la Licorne.
Propriété privée, mais ouvert au public, le château de Cheverny est l’un des châteaux de la Loire les plus visités, avec 300 000 visiteurs par an. Il est classé aux Monuments Historiques depuis 2010.
Le château de Cheverny est construit en pierre de Bourré, une craie qui durcit et blanchit en vieillissant. La façade est en bossages plats (bossages = saillie décorative), striés de refends horizontaux (refend = ligne creuse). Elle est décorée de statues d’empereurs romains. De hauts toits à la française (= recouverts d’ardoises et percés de lucarnes), couvrent la partie centrale du château.
4 : LE CHÂTEAU DE CHAUMONT
est situé sur la Loire, entre Blois et Amboise. Remplaçant un ancien château, l’actuel château de Chaumont fut construit au XVème et au début du XVIème siècle, de 1469 à 1510. Il est donc bien antérieur au château de Cheverny.
Il s’agit globalement d’un château fort médiéval : deux grosses tours rondes encadrent le pont-levis. Cependant, il ne comprend pas de donjon central. Le rôle de guet sur la Loire étant assuré par la tour sud-ouest. L’influence de la Renaissance est cependant présente avec les fenêtres à meneaux (= croisée de pierre) qui remplacent les meurtrières médiévales et permettent de faire entrer la lumière.
Sous Louis XV, M. Bertin, le nouveau propriétaire, fit abattre l’aile qui donnait sur la Loire, afin d’ouvrir le château sur le fleuve.
La famille Say (sucre Say) acquiert le château au XIXème siècle, y fait construire de luxueuses écuries et aménager un jardin à l’anglaise qui bénéficie aujourd’hui du label « Jardin remarquable ».
Le château de Chaumont est aujourd’hui propriété de la Région Centre-Val de Loire (nouveau nom depuis 2015). Classé Monument historique, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, il reçoit plus de 168 000 visiteurs par an.
UN PEU D’HISTOIRE :
DIANE DE POITIERS est d’origine provençale, contrairement à ce que laisse supposer son titre. Elle estla veuve de Louis de Brézé, dont elle a eu deux filles. De 1538 à 1559, Diane est la « Dame » d’Henri qui devient roi de France en 1547 sous le nom d’Henri II et a 20 ans de moins qu’elle. Le terme « Dame » doit se comprendre au sens médiéval de l’amour courtois : il s’agit de la femme qui incite le chevalier à se dépasser et qui lui sert de directrice de conscience. Tout cela montre que l’époque de la Renaissance n’est pas une rupture totale avec le Moyen Âge. Mais Diane fut également la maîtresse du roi, ce que toléra la reine : Catherine de Médicis, dont Diane était à la fois la cousine et la dame de compagnie. Henri II, par ailleurs, savait rester discret.
Le monogramme (= lettres en forme de dessin) royal est ambigu : les 2 C ou D entrelacés peuvent se comprendre comme un hommage à Catherine de Médicis, aussi bien qu’à Diane de Poitiers.
Diane fut une mécène de la Renaissance : elle assura l’emploi et les revenus d’artistes comme Le Primatice, Cellini, et Philibert de l’Orme ou encore de poètes comme Ronsard.
En 1559, Henri II meurt dans un tournoi. Catherine de Médicis oblige Diane de Poitiers à restituer le château de Chenonceau, qu’Henri II lui avait donné, en échange du château de Chaumont, que possédait Catherine de Médicis. Mais la reine ne va pas plus loin dans sa vengeance. Finalement, Diane se retire en son château d’Anet, où elle meurt en 1566, à l’âge de 66 ans.
5 : LE CHÂTEAU D’AMBOISE
L’actuel château d’Amboise est bâti sur un site défensif surplombant la Loire d’une quarantaine de mètres. Le site a été fortifié depuis l’Antiquité. A la suite d’un complot auquel a participé le seigneur d’Amboise, le roi de France Charles VII confisque le château en 1434. Parce que la sécurité y est garantie, les rois de France s’y installent.
Né à Amboise, Charles VIII y fait construire la chapelle Saint-Hubert, l’aile Charles VIII et les tours, dont la grosse tour des Minimes. L’autre aile, commencée sous Louis XII, est achevée sous François Ier.
Léonard de Vinci fut inhumé dans la collégiale Saint-Florentin, située dans l’enceinte du château d’Amboise. La collégiale fut détruite en 1807 et les restes de Léonard de Vinci furent transférés dans la chapelle Saint-Hubert.
Henri II, fils de François Ier, agrandit le château.
Délaissé, le château d’Amboise servit de prison. Louis XIV y fit enfermer Fouquet.
Le château est racheté par le duc de Penthièvre en 1786, puis confisqué sous la Révolution. Ensuite, Napoléon Ier attribue le château, alors en mauvais état, à l’ex-consul Roger Ducos. Ne pouvant l’entretenir, celui-ci en fait raser les deux tiers.
Louis-Philippe Ier hérite du château et redécore l’intérieur de l’aile François Ier. Dès 1840, le château d’Amboise est classé Monument historique. La 3ème confiscation du château est décidée lors de la Révolution de 1848.
De 1848 à 1852, l’émir Abd-el-Kader, principal dirigeant de la lutte algérienne contre la colonisation française, y est interné avec ses amis.
En 1873, le château d’Amboise retourne à la famille d’Orléans. En 1974, la famille d’Orléans fait gérer le château par la fondation qu’elle contrôle : la fondation Saint-Louis.
UN PEU D’HISTOIRE :
L’UNION DE LA BRETAGNE ET DE LA FRANCE : 1491-1532
Le roi de France Charles VIII est en guerre contre l’alliance de la Bretagne et de l’Autriche, alliance renforcée par la Castille, l’Aragon et l’Angleterre.
Afin de briser cette alliance,Charles VIII rompt ses propres fiançailles et veut obtenir du pape l’annulation du mariage par procuration conclu en 1490 entre Anne de Bretagne, héritière du duché de Bretagne, et Maximilien de Habsbourg d’Autriche. Ce mariage, en effet, n’est pas consommé puisque ces époux ne se sont jamais rencontrés.
En un second temps, en 1491, Charles VIII s’empare de Rennes, où se trouve Anne de Bretagne, qu’il épouse trois semaines plus tard, ce que le pape finit par valider. Charles VIII réalise ainsi l’union personnelle de la Bretagne et de la France. Le contrat de mariage prévoit qu’en cas de décès de Charles VIII, Anne de Bretagne ne pourra épouser que son successeur. Aucun des enfants du couple royal n’a survécu.
Charles VIII agrandit le château d’Amboise, qui est l’une des résidences royales. Anne de Bretagne est une mécène, protectrice des lettres, des arts et des musiciens.
1498 : décès de Charles VIII, sans enfant. Louis XII, cousin du roi défunt, monte sur le trône. Mais il est déjà marié avec Jeanne de France. Malgré les protestations de Jeanne, le pape accepte d’annuler ce mariage pour non-consommation. Louis XII devient le 3ème mari d’Anne de Bretagne en 1499. La Bretagne reste donc liée à la France. Désormais, le couple royal vit à Blois.
Anne de Bretagne fiance sa fille Claude de France au petit-fils de Maximilien d’Autriche. Rappelons que Maximilien d’Autriche fut le premier mari d’Anne de Bretagne. La France, prise entre la Bretagne d’une part, l’Autriche et ses alliés d’autre part, risque à nouveau l’encerclement. Mais, en 1505, Louis XII malade fait annuler ces fiançailles par les Etats généraux de Blois.
Anne de Bretagne s’oppose ensuite au projet de mariage de sa fille Claude de France avec son cousin, le futur François Ier, mais Anne de Bretagne décède en 1514. Quatre mois plus tard, ce mariage est célébré. En 1515, François Ier devient roi de France. Claude de France cède ses droits sur la Bretagne à son mari François Ier puis meurt en 1524.
En 1532, les Etats de Bretagne demandent à François Ier l’union perpétuelle de la Bretagne et de la France, ce que le roi s’empresse d’accepter !
1789 : La nuit du 4 août, prolongée par les décrets du 11 août, supprime tous les privilèges en France et parmi ceux-ci, ceux que la Bretagne avait conservés depuis 1532.
6 : LE CHÂTEAU DE CHENONCEAU
C’est un château construit et sauvegardé à l’initiative de 11 femmes à travers l’Histoire. C’est pourquoi il est surnommé « le château des Dames ».
Situé sur le Cher, le château médiéval appartenant à famille MARQUES contrôlait le trafic fluvial. La famille ayant pris le parti des Anglais pendant la Guerre de Cent ans, ce château est rasé. Charles VII en autorise la reconstruction ultérieurement. La Tour Marques (1432) est le vestige du second château médiéval. Un moulin est bâti à côté.
Ruinée, la famille Marques doit céder le château à Thomas Bohier, riche bourgeois de Tours anobli. Celui-ci épouse Catherine Briçonnet. C’est elle qui dirige les travaux, commencés en 1513 : le château des Marques est rasé, à l’exception d’une tour, le moulin aussi et ses piles sur le Cher servent de fondations au nouveau château. Au décès de Thomas Bohier, la révélation de ses malversations entraîne la confiscation du château par François Ier en 1535. Mais le roi laisse Chenonceau à l’abandon.
Henri II, fils de François Ier, offre Chenonceau à sa favorite Diane de Poitiers en 1547. Diane fait réaliser des jardins et construire le pont sur le Cher (1559), reprenant ainsi le projet de Bohier.
La mort d’Henri II lors d’un tournois, en 1559, permet à sa veuve Catherine de Médicis de prendre Chenonceau. Diane de Poitiers doit en accepter l’échange avec le château de Chaumont, jusque là détenu par Catherine de Médicis. Catherine demande à son architecte Jean Bullant de réaliser deux galeries superposées sur le pont de Diane.
Chenonceau est laissé à l’abandon pendant un siècle puis racheté en 1733 par le financier Claude Dupin qui le restaure. C’est de son épouse que viendrait la disparition du x : le nom du château n’en prend pas tandis que le nom du village s’écrit Chenonceaux.
Des aménagements importants sont réalisés au château au XIXème siècle. Classé Monument historique en 1840, il devient en 1913 la propriété de la famille (du chocolat) Menier, dont le mécénat permit sa restauration.
Pendant la Guerre de 1914-1918, le château de Chenonceau servit d’hôpital militaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ligne de démarcation se situa sur le château : une rive du pont, avec le donjon, en zone occupée et l’autre rive en zone libre.
Aujourd’hui, très fréquenté, le château de Chenonceau reçoit 850 000 visiteurs par an.
7 : LA PAGODE DE CHANTELOUP
Le duc de Choiseul fut un important ministre de Louis XV. Disgracié en 1770, il se retire au château de Chanteloup (proche du château d’Amboise) jusqu’à la mort de Roi en 1774. Le duc de Choiseul y reçoit des visiteurs venus de toute l’Europe.
De par la volonté du duc de Choiseul, la Pagode y est construite en 1778 par l’architecte Le Camus afin de célébrer l’Amitié de ceux qui venaient visiter le duc. La Pagode est une chinoiserie, type de construction à la mode au XVIIIème siècle. Haute de 44 mètres, elle est composée de 7 étages, bâtis en retrait les uns des les autres.
Après la mort du duc de Choiseul, en 1785, sa veuve vend le domaine, puis le bien est saisi pendant la Révolution française. Finalement, faute de repreneur, le château est rasé, à l’exception de la Pagode, acquise en 1823 par le futur Louis-Philippe Ier.
8 : L’ABBAYE NOTRE-DAME DE FONTEVRAUD
est située dans la Région Centre-Pays de la Loire, à l’ouest de Tours, 15 km avant Saumur. Le village qui inclue l’abbaye compte un peu plus de 1 500 habitants.
A l’origine de Fontevraud, la prédication itinérante du moine-ermite Robert d’Arbrissel, qui parcourait la région suivi d’un grand nombre de disciples hommes et femmes. Pour ses disciples, Robert d’Arbrissel obtint du pape l’autorisation de fonder un nouvel ordre monastique et une abbaye (romane) en 1099. Cet ordre monastique acceptait les hommes et les femmes qui cohabitaient dans les mêmes bâtiments, y compris les dortoirs : Robert d’Arbrissel avait instauré une cohabitation chaste afin de surmonter les tentations charnelles.
Mais la hiérarchie religieuse locale, qui n’appréciait pas la mixité, imposa dès 1101 la séparation entre un monastère de femmes : le Grand-Moûtier (moûtier = monastère) et un monastère d’hommes, distinct du précédent. Par la suite, on édifia un autre monastère, destiné à soigner les lépreux ainsi qu’un quatrième monastère, pour les « pécheresses repenties ». L’ensemble, s’étendant sur 13 hectares, faisait de Fontevraud l’un des plus grands complexes monastiques d’Europe.
La vie monastique à Fontevraud est inspirée de la règle bénédictine : 8 prières communautaires par jour, travail manuel tout en restant à l’intérieur du monastère, lecture collective des textes sacrés, méditation. L’objectif de la vie monastique est de se retirer du monde afin de se concentrer sur la recherche de Dieu.
L’ordre monastique de Fontevraud va s’étendre en France, en Angleterre et en Espagne. Dirigé par une femme, il comptera plus d’une centaine de prieurés (= filiales) et plus de 5 000 religieuses et religieux. Les moines de Fontevraud tenteront à plusieurs reprises, mais sans succès, de s’émanciper de l’autorité de l’abbesse de Fontevraud.
UN PEU D’HISTOIRE :
ALIENOR D’AQUITAINE est la fille aînée du duc d’Aquitaine et comte de Poitiers. Mariée au futur roi de France Louis VII en 1137, elle devient reine de France quelques mois plus tard, suite au décès du roi de France Louis VI. Par ce mariage, le domaine royal de France s’agrandit de l’immense Aquitaine. Les nouveaux époux ont tous deux moins de 20 ans. La mésentente du jeune couple et l’échec de la seconde croisade, à laquelle ils ont tous deux participé, conduisent Aliénor d’Aquitaine, ce qui est exceptionnel à l’époque, à obtenir en 1152 l’annulation de son mariage pour consanguinité.
Huit semaines plus tard, toujours en 1152, Aliénor d’Aquitaine épouse le futur Henri II Plantagenêt, lequel devient roi d’Angleterre deux ans plus tard. Précisons qu’Aliénor d’Aquitaine a le même degré de parenté avec Henri II Plantagenêt qu’avec son premier mari Louis VII et qu’Henri II Plantagenêt, qui ne s’entendait pas non plus avec Aliénor d’Aquitaine eut, par la suite, de nombreux bâtards ! Sur le plan géopolitique, ce second mariage conduit l’immense Aquitaine à quitter le domaine royal de France pour doubler la superficie des fiefs Plantagenêt (fief = terre reçue par un vassal en échange de l’hommage rendu à son suzerain ; suzerain = celui qui a donné le fief).
PLANTAGENÊT = surnom donné à la famille des comtes d’Anjou, dont le plus illustre représentant est Henri II Plantagenêt. Au milieu du XIIème siècle, Henri II Plantagenêt réunit sous son autorité personnelle de nombreux territoires ; voir carte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_Plantagen%C3%AAt#/media/File:Map_France_1180-fr.svg
Parmi tous ces territoires, citons les comtés d’Anjou et les comtés voisins d’une part, les duchés de Normandie et d’Aquitaine d’autre part. Pour tous ces territoires, Henri II Plantagenêt est le vassal du roi de France auquel il doit l’hommage, l’aide et le conseil (selon la formule consacrée). De plus, Henri II Plantagenêt est roi d’Angleterre, et il est indépendant du roi de France pour l’Angleterre. L’expression d’empire Plantagenêt, utilisée pour rendre compte de l’immensité de cet ensemble, est contestée par certains historiens, qui font valoir qu’il s’agit en fait d’un assemblage hétéroclite de territoires aux statuts différents.
Plus tard en 1173, Aliénor d’Aquitaine, en conflit avec son mari, incite ses fils à se révolter contre leur père Henri II Plantagenêt. Mais, capturée par les soldats de son mari, elle est emprisonnée pendant 16 ans. En 1189, à la mort d’Henri II Plantagenêt, elle est libérée par leur fils Richard Cœur de Lion.
L’abbaye de Fontevraud, n’est pas très éloignée d’Angers, berceau de la famille des Plantagenêt. Henri II Plantagenêt avait jadis confié à l’abbaye de Fontevraud l’éducation de deux de ses enfants. En 1189 : Henri II Plantagenêt meurt à Chinon, ville toute proche de Fontevraud, et c’est ainsi que l’abbaye de Fontevraud fut choisie pour recevoir sa sépulture.
1199 : Richard Cœur de Lion meurt dans l’actuelle Haute-Vienne. Sur décision d’Aliénor d’Aquitaine, mère de Richard Cœur de Lion, la dépouille de Richard Cœur de Lion est transférée à l’abbaye de Fontevraud auprès de celle de son père Henri II Plantagenêt.
Signalons qu’ultérieurement, c’est Aliénor d’Aquitaine qui a choisi Blanche de Castille, la future mère de Saint-Louis. Enfin, c’est en 1204 que s’éteint Aliénor d’Aquitaine à l’âge, exceptionnel pour l’époque, de 82 ans.
1204 : Aliénor d’Aquitaine se fait enterrer à Fontevraud, auprès de son époux Henri II Plantagenêt, lequel y repose depuis déjà 15 ans. Un gisant est une sculpture représentant un personnage, le plus souvent couché sur le dos. Un gisant est placé au-dessus d’un tombeau ou d’un cénotaphe (= tombeau vide). Le gisant d’Aliénor d’Aquitaine est polychrome et réalisé en tuffeau (= craie micacée). Alors qu’elle est décédée à l’âge de 82 ans, Aliénor d’Aquitaine est représentée sur son gisant comme si elle n’était âgée que d’une trentaine d’années. De plus, son positionnement est celui d’une lectrice, type de sculpture tout à fait nouveau alors en Occident.
1254 : Isabelle d’Angoulème, épouse de Jean sans Terre (le 5ème fils d’Henri II Plantagenêt), est également enterrée à Fontevraud. Ainsi, l’abbatiale (= l’église de l’abbaye) consolide sa fonction de nécropole (= groupement de sépultures monumentales) de la dynastie des Plantagenêt.
EVOLUTION DE L’ABBAYE DE FONTEVRAUD :
Aux XVème – XVIème siècles, le cloître de l’abbaye de Fontevraud est refait tandis qu’en 1565 Thomas Pot réalise les peintures de la Passion du Christ qui ornent la salle capitulaire (= salle de réunion d’un monastère).
Pendant la Révolution française l’abbaye est définitivement fermée. Elle est transformée en prison de 1804 à 1963. Ainsi, 1 826 détenus y étaient incarcérés en 1853.
Sur les quatre monastères, l’un a été rasé et deux autres plus ou moins transformés. On ne visite aujourd’hui que le Grand-Moûtier qui fut le monastère des femmes et le plus important des quatre (on comptait 360 moniales et 60 moines au XIIIème siècle).
L’abbaye de Fontevraud est classée Monument historique et inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. On y a compté 168 000 visiteurs en 2012.
9 : SAUMUR : LE CADRE NOIR
Située sur la Loire, entre Tours et Angers, Saumur compte aujourd’hui plus de 27 000 habitants, ou 48 000 habitants si l’on prend en compte l’aire urbaine.
Origines du Cadre noir : C’est Henri IV qui fonde une académie d’équitation protestante à Saumur. Plus tard, en 1685, Louis XIV révoque l’édit de Nantes : le protestantisme est désormais interdit. Ensuite, à la demande de Louis XV, le duc de Choiseul (référence : Pagode de Chanteloup) crée à Saumur une école de cavalerie militaire en 1763. Cette école, gérée par le corps des carabiniers, devient rapidement une référence nationale et ses membres sont promus instructeurs et reçoivent des stagiaires issus des autres écoles de cavalerie de la France.
Fermée en 1788, l’école de cavalerie militaire de Saumur rouvre sous Louis XVIII en 1815. Le système des stagiaires est rétabli. Le directeur porte le titre d’écuyer en chef du manège. Le port du bicorne s’impose.
Les 19 et 20 juin 1940, peu avant l’armistice, 2 500 Français sous-équipés, dont 550 cadets (= élèves de l’école de cavalerie de Saumur) bloquèrent 40 000 Allemands et leurs blindés, lesquels tentaient de traverser la Loire. En hommage à leur bravoure, le général allemand Feldt autorisera les cadets de Saumur à repartir libres, avec les honneurs militaires, et à se replier en zone sud.
1968 : le Cadre noir devient civil.
1984 : les femmes sont désormais admises au Cadre noir.
Cadre fait référence à l’encadrement des troupes : il s’agit d’un corps de cavaliers d’élite, les écuyers, instructeurs à l’ENE (= Ecole Nationale d’Equitation de Saumur). Ils forment les futurs cadres des centres équestres, dressent les chevaux et font des recherches sur la connaissance du cheval. Le noir date de 1898 lorsque le choix d’un uniforme noir remplace la tenue bleu-nuit précédente. L’appellation Cadre noir n’était qu’une appellation d’usage. Elle ne devient officielle qu’en 1986.
Aujourd’hui, la majorité des 40 écuyers (= professeurs d’équitation) sont des civils recrutés sur concours (il y a aussi 7 militaires détachés). Parmi les écuyers, il y a 3 femmes. Pour se présenter au concours, les candidats doivent avoir leur bac et avoir réussi leur 7ème galop (il s’agit de niveaux en équitation : au maximum, il y a 9 galops). Les candidats au Cadre noir doivent également avoir déjà réussi dans des compétitions nationales.
La formation dure 4 ans. Les seuls droits d’inscription sont de 7 000 €. Les chevaux sont achetés à l’âge de 3 ans. Le dressage d’un cheval dure de 5 à 8 ans. Un cheval de compétition coûte entre 10 et 15 000 €. Un cheval sait répondre sur un mot, une inspiration, un souffle. Les reprises et les galas sont des démonstrations devant le public. Le Cadre noir participe également aux compétitions internationales et aux Jeux Olympiques. Les chevaux fatigués sont revendus vers l’âge de 16 ans.
La tradition d’équitation française a été définie par le général L’Hotte, écuyer en chef au XIXème siècle : « le cheval calme, en avant et droit ». En 2011, l’UNESCO inscrit la tradition d’équitation française sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Site officiel du Cadre noir de Saumur : http://www.ifce.fr/cadre-noir/
10 : LE CHÂTEAU D’AZAY-LE-RIDEAU
Le château est situé dans la petite ville d’Azay-le-Rideau, comptant actuellement 3 435 habitants. Cette petite ville est traversée par l’Indre, affluent qui se jette dans la Loire, en aval du confluent avec le Cher (référence : Chenonceau).
UN PEU D’HISTOIRE :
Un château médiéval est construit à Azay-le-Rideau au XIIème siècle. Pendant la Guerre de Cent Ans, son seigneur s’oppose au roi Charles VII qui détruit le château.
Ce sont les Berthelot, une riche famille de financiers, qui en rachètent les ruines et font construire le château actuel dans le style Renaissance entre 1518 et 1523. Le château est inachevé, d’où son plan en L. Le monogramme B témoigne de l’empreinte des Berthelot.
En 1523, pour des raisons politiques, François Ier confisque le château. C’est ainsi que le château porte également la salamandre de François Ier. La salamandre trouve son origine chez les ancêtres du roi. Elle évoque aussi le courage et la maîtrise du feu, donc du pouvoir. La devise Nutrisco & extinguo signifie, en parlant du feu, « Je m’en nourris et je l’éteins ». Le nœud à double boucle (cordelière en huit) symbolise la concorde. Quant à l’hermine de Claude de France, épouse de François Ier, elle trouve son origine dans les armoiries de la Bretagne, puisque Claude de France est la fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne.
Par la suite, le château connaîtra différents propriétaires. Fortement dégradé, le château est racheté en 1791 par le marquis de Biencourt, dont la famille restaure le château au cours du XIXème siècle. Une tour néo-Renaissance (= style également appelé troubadour) remplace même ce que l’on appelait alors « le vieux donjon ».
Le château d’Azay-le-Rideau réunit, au XIXème siècle, une importante collection de portraits historiques et s’ouvre aux visiteurs. Cependant, ruinée par le krach boursier de l’Union Générale en 1882, la famille Biencourt doit vendre le château.
Finalement, en 1905, l’Etat rachète le château qui est classé Monument Historique le jour même de la vente.
LE CHÂTEAU :
De dimensions assez petites, le château est marqué par les lignes horizontales. L’effet d’horizontalité est tempéré par la verticalité des pilastres (= colonnes plates très minces, adossées au mur, et dont la fonction n’est que décorative). La verticalité est également soulignée par la présence d’une tourelle (= tour étroite) à chaque angle.
L’escalier d’honneur est à rampe droite, et non à vis comme à Chambord. Il est éclairé, sur quatre niveaux, par des baies géminées (= fenêtres jumelées). A chaque étage, l’escalier est traité comme une loggia (= balcon couvert spacieux ne débordant pas de la façade). Le plafond de l’escalier, à caissons, présente les visages de différents personnages.
Les toitures sont d’inspiration médiévale.
La décoration intérieure, de style néo-Renaissance, date souvent du XIXème siècle.
Au sud et à l’ouest, le château se reflète dans deux miroirs d’eau, réalisés en 1950 par les Monuments Historiques qui ont élargi le cours de l’Indre.
RECAPITULATIF :
CHÂTEAUX DE LA LOIRE
visités par les Amis des Musées de Saint-Omer
classement selon la chronologie de la construction des châteaux
Epoque de construction | NOM du château | COURS D’EAU | Principaux maîtres d’œuvre |
2ème 1/2 XVème – début XVIème | CHAUMONT | La Loire | Famille d’Amboise/ M. Bertin (XVIIIème s) |
Fin XVème– milieu XVIème | AMBOISE | La Loire | Charles VIII/ Louis XII/ François Ier |
1èr 1/4 XVIème siècle | AZAY-LE-RIDEAU | L’Indre | Famille Berthelot (XVIèmes) Famille Biencourt (XIXèmes) |
1ère 1/2 XVIème siècle | CHAMBORD | Le Cosson | François Ier/ Henri II |
XVIème siècle | CHENONCEAU | Le Cher | Diane de Poitiers (=> le pont)/ Catherine de Médicis |
début XVIIème siècle | CHEVERNY | proche du Conon | Famille Hurault |
XVIIIème siècle | CHANTELOUP | pas de cours d’eau | Duc de Choiseul |
Caractères droits pour les familles royales, caractères en italiques pour les autres.
Parmi les principaux maîtres d’œuvre, le nom du plus important est en gras souligné.
Texte et photos : Pierre Dalbert