CASSEL et ses environs

Sortie organisée par les Amis des Musées de Saint-Omer

Photos de la visite :

  • Saint-Martin d’Oxelaëre – église rurale flamande (XII–XXème siècles)
  • Le roi David jouant de la lyre
  • Nef XIIème s. Bas-côtés XVIème s. Narthex (avant-porche) 1903
  • « La Porte du Paradis » donne sur le cimetière qui entoure l’église
  • Représentation de Jésus montrant ses plaies et son Sacré-Cœur
  • Représentation de Jésus : bénissant
  • Le Bon Pasteur va rechercher la brebis égarée
  • L’Agneau pascal : Le sacrifice pour sauver l’humanité
  • La Vierge à l’Enfant (retable de gauche)
  • Saint-Joseph à l’Enfant (retable de droite)
  • Saint-Martin en évêque incarne l’autorité de l’Eglise (maître-autel : retable central)
  • Des instruments de musique surplombent les saints
  • Saint-Jacques de Compostelle
  • Une chaire avec la colombe du Saint-Esprit
  • Charles Borromée (1538-1584)
  • La tribune de l’orgue : La tribune de l’orgue
  • La tribune de l’orgue décorée par des instruments de musique et par
  • Gérard David La Vierge à la soupe au lait (fin XV début XVIè s)
  • Jan van Dornicke ? L'Arrestation du Christ (1518)
  • Albrecht Bouts Le Christ couronné d'épines (XVIIè s)
  • Abraham Janssens Jan Wildens Adriaen van Utrecht (1ère moitié du XVIIème siècle)
  • Antoon van Dyck Portrait de Ferdinand d'Autriche (1ère moitié du XVIIème siècle)
  • Frans Pourbus le Jeune (XVIIème siècle) Portrait d'Henriette-Marie de France
  • Ecole flamande (vers 1610) tête d'un prince enfant
  • Frans FLORIS I Portrait d'une dame âgée avec son chien (1558)
  • Antoon Van Dyck Tête d'homme barbu (1ère moitié du XVIIème s)
  • Jan van de Venne, La Rieuse (1ère moitié du XVIIème siècle)
  • Simon de Vos, Scène galante (XVIIème siècle)

1 : OXELAËRE – 2 : CASSEL  « La Figure ou le reflet de l’âme »

1 : Oxelaëre

est un village flamand de 500 habitants, situé au pied du Mont Cassel.

A 176 mètres d’altitude, le Mont Cassel est le point culminant de la Flandre.

Le site d’Oxelaëre se trouve sur le versant méridional, celui qui est le plus agréable à vivre.

C’est la raison pour laquelle le site a été peuplé dès l’époque romaine.

Depuis le XIXème siècle, Oxelaëre est un lieu de villégiature pour des familles bourgeoises résidant à Lille. Citons notamment Albert Dujardin (1847-1903), industriel lillois du textile, mélomane, qui a notamment financé l’avant-porche, l’orgue et la tribune de l’église Saint-Martin d’Oxelaëre.

L’église Saint-Martin d’Oxelaëre est entourée par le cimetière, lequel est clôturé par une haie de tilleuls. L’ensemble forme un enclos paroissial.

  • L’avant-porche, par lequel on pénètre dans l’église, est la partie la plus récente de l’édifice. Il a été rajouté en 1903 et est dédié à la musique avec :
  • à gauche, l’effigie du roi David jouant de la lyre. Selon la Bible, David est célèbre par ses chants qui apaisaient le roi Saül. David est également, grâce à sa fronde, le vainqueur du géant Philistin Goliath. Devenu roi des Hébreux au début du –Xème siècle, David conquiert Jérusalem,en fait sa capitale et y transfère l’Arche d’Alliance.
  • A droite, l’effigie de Sainte-Cécile, qui est munie d’un orgue portatif. Ayant vécu au +IIème siècle, elle fut martyrisée en tant que chrétienne ayant converti son entourage. Sur le trajet vers son supplice, elle aurait entendu une musique céleste. C’est la raison pour laquelle Sainte-Cécile est aujourd’hui la sainte patronne des musiciens.
  • La nef date du XIIème siècle. Elle est construite en grès ferrugineux de Cassel. Le couvrement actuel de la voûte fut achevé en 1936. C’est un berceau lambrissé en chêne et décoré de têtes d’ange. L’acoustique y est très bonne.
  • Les bas-côtés en brique ont été rajoutés à la fin du XVIème siècle. Celui du sud (= côté droit) est percé par la Porte du Paradis, ainsi nommée car elle donne directement sur le cimetière.
  • Le chœur a été reconstruit au XVIIIème siècle.
  • Retable : le terme provient du latin retro tabula altaris. Il signifie décorderrière l’autel. Ici les retables, en bois peint et doré, datent du XVIIIème siècle. Ils sont donc postérieurs à la crise du Protestantisme, qui a provoqué le saccage de nombreux édifices religieux.

Un retable se regarde de bas en haut : il invite le regard à s’élever de la Terre vers le Ciel.

Il y a trois retables dans l’église Saint-Martin d’Oxelaëre : celui de droite est dédié à Saint-Joseph, celui du maître-autel au centre est dédié à Saint-Martin, tandis que celui de gauche est dédié à la Vierge Marie.

Conformément aux décisions du concile de Trente (1545-1563), dont les idées furent diffusées par l’évêque SaintCharles Borromée,

ces retables réaffirment les dogmes de l’Eglise catholique, que les Protestants avaient contestés.

Au XVIIIème siècle, sous l’influence des Jésuites, l’art est utilisé pour ramener les foules au catholicisme.

Chaire : également développée à la suite du concile de Trente, elle permet au prêtre qui fait son sermon de se faire entendre par les fidèles et de leur expliquer la religion. Rappelons que le micro n’existait pas encore…

Confessionnal : également développé à la suite du concile de Trente, il permet au prêtre de contrôler le comportement des fidèles et d’être leur directeur de conscience.

Aujourd’hui, l’église Saint-Martin d’Oxelaëre nécessite une restauration et fait appel aux financements de la Fondation du patrimoine.

2 : CASSEL, exposition « La Figure ou le reflet de l’âme »

Comment représenter la Figure ?

Représenter Dieu se heurte au refus des idoles exprimé dans la Bible.

  • Conventionnellement, une colombe symbolise l’Esprit-Saint.
  • La religion chrétienne affirmant que Dieu s’est fait homme en la personne de Jésus-Christ,

les croyants veulent voir représentés Jésus, la Vierge Marie et les saints, afin de faciliter leur prière.

C’est la Devotio Moderna qui se développe en Flandre à partir de la fin du XIVème siècle.

De Jésus, sur le plan physique, on sait qu’il avait la trentaine mais nous ne disposons pas de portrait réalisé de son temps.

  • Dans l’Evangile selon Saint-Jean. il y a quelques informations. On peut aussi s’inspirer du Saint-Suaire sur lequel se trouverait l’image du visage de Jésus.
  • Compte tenu de ces contraintes, les artistes représentent conventionnellement Jésus sous les traits d’un homme assez mince, barbu et aux cheveux foncés, longs et bouclés.
  • La douleur de la Passion et la force spirituelle qui se dégage du visage de Jésus inspirent le respect aux croyants.

Pour représenter les saints, dont le visage n’est pas connu,

  • on les identifie grâce aux attributs qui représentent leur fonction, ou qui sont les instruments de leur supplice.
  • Les quatre Evangélistes sont représentés par l’ange (Matthieu), le taureau (Luc), le lion (Marc), l’aigle (Jean).
  • Cependant, au XVIème siècle, la Flandre est secouée par des révoltes iconoclastes qui détruisent des statues de saints (exemple à Oxelaëre), afin de revenir à une religion épurée.

Les princes doivent incarner l’autorité qui découle de leur fonction : leur posture, la richesse de leur costume, sont des marqueurs de leur rang.

  • La présence de fils d’or ou d’argent est réservée au roi.
  • Le portrait d’apparat permet de maintenir la présence fictive du prince lors de ses absences, ainsi que de perpétuer son souvenir après son décès.
  • Les portraits en pied sont les plus prestigieux. On les utilise pour les portraits d’apparat des souverains et des nobles. Le portrait d’apparat peut également être utilisé par un ambassadeur afin de préparer un mariage princier en réalisant une information réciproque des futurs époux.
  • Aux XVème et au XVIIème siècle, le portrait d’apparat place un paysage à l’arrière-plan, tandis qu’au XVIème siècle on adopte un fond uni pour mieux faire ressortir le personnage.

Les riches bourgeois se font représenter afin d’afficher leur réussite sociale.

  • Les portraits les plus anciens sont réalisés dans un cadre religieux : les donateurs apparaissent, agenouillés et en prière, sur des vitraux ou sur des retables.
  • A partir du XVème siècle, les portraits bourgeois s’émancipent du contexte religieux. Le modèle est cadré serré et se détache sur un fond sombre.
  • L’humanisme, en plaçant l’Homme au centre des préoccupations, conduit à l’émancipation du portrait hors du contexte religieux.

A partir du XVIème siècle, le portrait de genre décrit la société de l’époque,

  • à travers la représentation de types humains caractéristiques (joueurs de cartes dans une taverne, femme pauvre marquée par son âge…).
  • Ces tableaux mettent en évidence les vices et les vertus.

Conclusion :

Les peintres flamands

  • réalisent des trognes (= études de têtes) qu’ils réutilisent ensuite dans un ou plusieurs tableaux. Par exemple, un homme âgé mais vigoureux peut incarner un roi biblique, un dieu antique, un prophète ou un saint.
  • se distinguent par le réalisme et la minutie avec laquelle ils représentent leurs modèles, à une époque où la photographie n’existait pas.
  • La technique de la peinture à huile accentue cette impression de réalité.
  • Les peintres flamands renoncent à la tradition médiévale italienne de la peinture de profil, qui idéalise le modèle, et adoptent le positionnement de trois quarts.

Ce positionnement introduit la troisième dimension, ce qui a pour conséquence de faire ressortir la personnalité, l’âme de leurs modèles, justifiant ainsi le titre de l’exposition : « La Figure ou le reflet de l’âme ».

Texte et photos : Pierre Dalbert